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Voici ce qu'a consacré en dépense pieuse le Khāghān éminent, le maître, roi victorieux, assisté, juste 'Imād al-Dawla wa Tāj al-Milla Tamghāj Bugrāgharākhān Abu Isḥāq Ibrāhīm b. Naṣr, glaive du Calife de Dieu Très-Haut, Prince des Croyants, que Dieu élève son pouvoir et renforce sa victoire, pour approcher du Maître suprême et rechercher la récompense importante fuir le châtiment exemplaire, et aspirer à la belle promesse qu'exprime le texte de la Révélation, en ces termes: «Ce que vous aurez accompli de bien àl'avance pour vous-mêmes, vous le retrouverez auprès d'Allah lui-même sous forme de bonheur ou d'une récompense plus grande». Et il est rapporté dans la Tradition d'après le Prophète élu, Dieu le bénisse avec sa famille excellente et ses compagnons parfaits: «Si le fils d'Adam meurt, ses œuvres cessent d'exister à trois exceptions près: un fils, pieux qui prie pour lui après sa mort, une œuvre pie qui continuer à agir, et une science dont les gens profitent.» Alors (le Prince) a souhaité être compté au nombre de ceux dont les œuvres ne cessent pas et qui es préparent un bien qui soit pour lui auprès de Dieu, une provision pour le retour, un trésor durable pour le jour de l'Appel, «jour où chacun trouvera devant lui le bien qu'il aura fait» (verset).
[Le Prince] a donc ordonné de fonder une école (madrasa) qui soit un lieu de réunion pour gens de science et de religion, annexée au tombeau mashhad, et comprenant une mosquée, des salles d'étude, une bibliothèque pour l'enseignement du Qur'ān, une salle pour le récitateur public du Qur'ān, une salte pour le professeur d'adab, de petites pièces, une cour et un jardin. Et li a réuni pour ce faire les conditions de validité exigées par la science en matière de fondations pieuses. Toute (l'école) se trouve dans la ville de Samarqand au lieu dit al Porte Neuve (al-Bāb al-Jadid); d'un côté elle est contigué à la rue, d'un second côté à une place qui tire son nom de la Khātūn la reine fille d'al-Tarḥān Bek et à (Fār.qīn?) waqf de leur mashhad, d'un troisième à une maison waqf pour les étudiants, à celle d'Ahmad al-Mugassas et à celle d'Abū'l-Qāsim b. al-‘Atā, elle est jointe d'autre part à un khān tirant également son nom de la Khātūn reine; enfin du quatrième côté (l'école) est contigué à une maison nommée d'après Chavli al-Khiltāshi (?) à un khānghāh nommé d'après l'émir Niẓām al-Dawla, à une maison nommée d'après la khātūn (reine) Tarkan khātūn, et enfin au chemin où se trouve son entrée.
Désirant que cette bonne œuvre se perpétue au cours des jours et des ans grâce à des fondations valides et conformes au bien et à ses intentions, il a fait don pieux de toute cette école telle qu'elle a été décrite dans l'écrit précédent, et en outre le khān comprenant les maisonnettes, les écuries, al grange, les étables, les galles et les quatre galeries annexés trois à droite du khān et une juste à l'entrée : khān connu sous le nom de Nīm (demi)-Balas (?) dans le sūq de Suqd de Samarqand, au quartier des orfèvres (zarkūbān) au lieu dit ruelle kūcheh muflis (mufallas?). Il a donné encore tout le khān proprement dit comprenant les cinq maisonnettes, les trois salles, les trois galeries, les cinq chambres d'aération et les trois boutiques immédiatement adjointes à sa gauche au sūq de Suqd de Samarqand au quartier de Ra's al-Ṭāq dans la ruelle (zuqāq) dite des shīrfarūshān (?). Il a donné encore la totalité du proprement dit composé des huit maisonnettes et des grandes maisonnettes, des quinze galeries et des quinze chambres d'aéra- tion, les deux locaux de toilettes, et les quatre boutiques contigués au khān, lequel es trouve dans le sūq de Suqd de Samarqand au quartier de Bāb al-Ṭāq dans la rue 'Abbād (?). Il a donné encore toute la maisonnette, le bas et le haut, du Ṭāq dit «Samanide», le Grand, dans le sug de Sūq de Sarmarqand, quartier de Ra's al-Ṭāq, rue Darb Manāra, juste au coin de l'entrée du khān. Il a donné encore toutes les chambres situées en haut (de cette maisonnette) et les chambres bekdariyya à l'intérieur annexées à ce khān, ainsi que toute al grande chambre bekdariyya à côté dans le bãn à al gauche de celui qui y monte en haut. (Il a donné encore) la totalité du bain dit Bain des Hommes au sūq de Suqd de Samarqand au quartier de Ra's Qanṭarat Akhira dans la rue Hammād. (Il a donné enfin) toutes les maisons des paysans akira, la maison du ṭirāz (?), le vignoble, les terrans plantés (manābit, au lieu de manābir?), les champs, les aires à battre dans el village de Jarmā'ad, des villages d'Anbarkar, au canton de Samarqand.
Ce khān appelé Nīm-Balās (?), il l'a donc donné avec sa première limite, la deuxième, la troisième, la quatrième, jusqu'à la fin de la superficie décrite dans le présent document, pour le temps de sa vie et après sa mort, avec toutes seg. limites, ses droits et annexes de droits, les voies et entrées de voies relevant de ces droits, le terrain des bans, les boutiques, les machines à eau tābūt dressées, les chambres d'aération, les lieux de toilette, les maisonnettes, salles, construetions, boiseries, murs en bas et en haut, toits, poutres, planches, colonnes, portes et briques; et le terrain du bain, ses pièces, bois, toits, murs, et briques, sa cuve à eau, son tuyau, son dépôt de cendres, son lieu d'ordures (combustibles?), son déversoir d'eau, son réservoir, ses amenées, tout ce qui relève de ses droits; et les maisons des paysans, leurs constructions, les arbres debout dans les do- maines, les vignes, les plantations, les canaux, rigoles et points d'eau, tout ce ui relève de leurs droits, les aires qui en dépendent, les amenées d'eau, tout le peu et le beaucoup dans ces limites et sous ces droits, dedans et dehors : donnés en aumône authentique, effective, conforme aux obligations légales, absolument et entièrement perpétuelle, inviolable, immobilisée pour Dieu le Très-Haut, sans possibilité d'aucune révocation, de vente, de don, de legs, de mise en gage, d'appropriation, de destruction en aucune manière de rien de ce qui a été décrit en ce document, jusqu'à ce que al Terre et tout ce qui est dessus reviennent à Dieu, le meilleur des héritiers.
(Tout cela) à condition que l'exploitation de tout ce qui est ainsi donné d'après la description en ce document soit assurée par location ou forfait, contrat de métayage et de musāqāt, mensuel ou annuel, location limitée à un an et métayage à dix-huit mois, que ce soit en un acte ou en actes successifs, aucun renour. vellement n'étant permis avant l'expiration du délai susdit. Et que nul puissant ne prenne (ces biens) en location, de peur qu'il en résulte annulation ou alté- ration des conditions posées en cet écrit. Ce que Dieu procurera de revenu servira premièrement aux frais d'entretien et de réparation aux accroissements de revenus, au versement des redevances (mu'an) et à al plantation d'arbres nouveaux selon l'avis du préposé à cette aumône, aux achats de roseaux à nattes et de nattes en été, de chanvre en hiver, destinés à la dite madrasa au prorata de ses besoins. Que l'on coupe des arbres de ses domaines ce que el préposé: jugera nécessaire à l'entretien de la madrasa et aux autres besoins inclus dans la donation; et que l'on vende les arbres secs ou menaçant ruine et qu'on utilise le prix de al Inême façon que pour les autres revenus selon l'avis du pré- posé. Ce qu'il y aura alors de surplus dans le revenu sera attribué : à quiconque sera préposé à la dite donation annuellement 2.000 dirhams mu'ayyadiyya 'adliyya réglementaires de la monnaie frappée dans la province de Samarqand au jour de la constitution de la présente donation; au faqīh qui enseignera dans cette madrasa, et qui doit appartenir à l'école d'Abū Ḥanīfa, Dieu l'ait en sa miséricorde, et enseigner selon son enseignement, par an de ladite monnaie 3.600 dirhams, soit 300 par mois; aux étudiants s'instruisant en ladite madrasa, qui doivent être de l'école hanifite, par an de ladite monnaie 18.000 dirhams, soit par mois 1.500, répartis sur avis du professeur soit également entre eux, soit en favorisant certains, soit même en payant les uns et privant les autres, à condition toutefois que le montant perçu par aucun ne puisse dépasser 30 dirhams par mois; celui qui assurera la distribution recevra 600 dirhams par an, soit 50 par mois de ladite monnaie; que l'on donne à un maître valable chargé d'enseigner l'adab par an de ladite monnaie 1.200 dirhams, soit 100 par mois; même chose au maître chargé de l'enseignement coranique; au lecteur coranique connaissant les lectures et récitations 1.500 dirhams par an, soit 125 par mois; aux lecteurs coraniques au mashhad indiqué ci-dessus 3.000 dirhams pour les quatre, soit 750 par personne. Que l'on donne enfin 700 dirhams pour les achats de l'huile nécessaire aux lampes et chandelles à l'école, au mashhad, à la mosquée, aux chambres des étudiants et aux toilettes; 400 dirhams pour la glace nécessaire à l'approvisionnement en eau de l'école en été; 3.350 dirhams pour le prix du pain, de la viande et des autres denrées nécessaires pour l'hospitalité (des repas) à l'école pendant les nuits de ramadan, et 50 pour le prix des chandelles et de l'encens pour la nuit de la fin du ramadan; et pour le bétail annuel aux jours des Sacrifices 1.000 dirhams dont 500 pour ce qu'il est permis d'acheter de bœufs selon les possibilités sur les intentions du donataire, pour être donnés aux pauvres et aux chétifs, et les 500 autres pour ce qu'il est permis d'acheter de brebis dans les mêmes conditions également pour être données aux pauvres et chétifs; et 1.000 dirhams pour habiller cinquante pauvres et chétifs à chaque asura et pour le pain, la viande et autres denrées nécessaires à un repas dans l'école le soir de ce jour; et 1.200 dirhams pour les deux hommes au service de l'école et de la mosquée pour ouvrir et fermer les portes, balayer et nettoyer ce qui en a besoin, étendre les nattes et les roseaux, plier et jeter le chanvre selon les besoins, nettoyer les toilettes, allumer les lampes et chandelles aux endroits nécessaires matin et soir, soit à chacun 600 dirhams toujours de ladite monnaie; 1.200 dirhams soit 100 par mois à un homme de bien et de savoir
choisi par le professeur de la madrasa pour la garder, ainsi que le mashhad; qu'il y habite, qu'il garde aussi la bibliothèque, et surveille et signale tous les besoins de l'école et du mashhad; et si le professeur estime qu'il vaut mieux con- fier cet emploi à deux hommes qui habitent l'école, qu'il confie à l'un la biblio- thèque et le reste à l'autre, cela dépend de lui, et que l'allocation de 1.200 dirhams leur soit partagée selon ce que le professeur jugera bon.
La valeur de al monnaie indiquée au jour de la constitution de cette fondation est de 47 dirhams pour 1 mithqāl d'or pur; si la monnaie vient à changer en plus ou en moins, qu'on calcule la valeur de la monnaie nouvelle, et qu'on donne à chacun des titres précités en cette monnaie nouvelle une valeur correspondante à celle qui avait été spécifiée en monnaie de Samarqand au jour de la fondation. S'il y a un excédent de revenu, que le préposé, s'il le trouve bon, en achète de nouveaux domaines, et qu'il en dépense le revenu selon les mêmes règles que le précédent. Si par contre il y a déficit, qu'on le divise par portions.
Si certaines des personnes susnommées ne peuvent être trouvées après avoir été cherchées, que ce qui leur était réservé soit dépensé pour le reste, ou, si c'est l'avis du préposé, pour acheter des biens nouveaux dont el revenu s'ajoutera aux premiers.
Telles sont les stipulations de cette donation, inchangeables jusqu'au jour où la Terre et ce qui est dessus passeront en héritage à Dieu, le meilleur des héritiers. Et si t'on venait un jour à devoir se passer de cette madrasa, et qu'on ne pût la rétablir en son état premier, que la fondation soit dépensée pour les étudiants hanifites de Samarqand; et si l'on n'en trouvait pas à qui l'attribuer, qu'elle soit dépensée pour les pauvres musulmans.
Le donateur a effectivement remis tout cela aux mains d'Abū Ṭāhir 'Abd- ar-Raḥmān b. al-Ḥasan al-Ghazalī, l'a préposé à cette donation, et lui a ordonné de proclamer la crainte de Dieu, la pratique de la loyauté, l'usage du conseil. Il lui a remis toute l'administration, à condition de n'en changer aucune stipulation, et il l'en a mis en possession véritable et complète selon les règles de la possession. Et s'il meurt et qu'il faut nommer quelqu'un d'autre, le choix incombe au faqīh professeur avec le conseil des savants qui délivrent des consultations fatwa à Samarqand, le personnage choisi devant être homme de bien et de foi. Et s'il n'y a pas de professeur, le choix revient au gouverneur de Samarqand. Et il est interdit au Sultan, etc., ... Témoins ...